Sang de l'éveil

Attiré par une voix entendue récemment j'arrive enfin dans les montagnes d'Aeglir. Alors que je cherche une présence, comme poussé par une force invisible, l'atmosphère se fait comme pesante. Alors que je marche sur mes gardes j'entends le cri d'un Rhévio. Celui-ci est suivi d'un râle d'agonie poussé par la même créature. Je me dirige vers le lieu pour voir ce qui a pu tuer cette créature qui est normalement un prédateur et non pas une proie comme elle a dû l'être. Quand j'atteins enfin une sorte de cuvette au milieu de ces montagnes j'aperçois un peu plus loin une femme. Celle-ci est à côté de la créature et elle est couverte de son sang. Alors que je regarde ce spectacle elle lève sa main vers le ciel puis la laisse retomber sur son visage. Sa peau est bleutée, c'est certainement une elfe. Elle arracha sa dague du corps de la créature, l'essuya puis la rengaina dans son fourreau. Elle avait l'air d'un de ses prédateurs qui chassent non pas pour manger, mais pour le plaisir de déverser la mort. C'est du moins l'impression qu'elle donnait avec ce spectacle morbide. Je me demande vraiment quoi faire dans cette situation. Heureusement elle n'a pas l'air de m'avoir vu et part en sens inverse de là où je suis. Alors que je la vois partir au loin je m'approche silencieusement de la bête pour lui rendre un dernier hommage comme les anciens me l'ont appris. Pourvu qu'elle ne m'entende pas, même si je suis un guerrier, je n'aime pas me battre sans raison.

Mort et chaos, mes guides...

Sa dague toujours en main, les yeux tournés vers le ciel et un corps sans vie à ses pieds. Un soupir de bien être traversa les lèvres de Niphraës. Elle sentait l’extase de la mort, l’excitation du sang et de la vie volée. Encore... Encore plus ! Que la balance de l’ordre universel penche davantage dans cette noirceur tant aimée. Que le mal et les ténèbres posent leurs bras sur cette planète maudite.

Qydia la douce, tu es bien loin d’imaginer quelle créature la terre a recraché de ses entrailles...

Démon de ce monde, destruction...

L’elfe parvint enfin à s’arracher à la contemplation de la Lune. D’un geste souple, elle rengaina son arme et se prépara à partir. Le sang appelait le sang, elle en désirait plus, tellement plus. Mais alors qu’elle ajustait son chakram, un bruit retint son attention. Une respiration, proche et paisible. Différente de celle d’un animal et pourtant si éloignée de celle d’un humain. Un souffle rude, solide...

Curieuse, un rien joueuse, Niphraës fit mine de s’en aller pour forcer la créature à se montrer. Elle ne désirait pas un affrontement direct, pas tout de suite. Elle voulait d’abord étudier sa proie... Elle partit donc dans la direction opposée au bruit et attendit d’être loin de tout champ de vision pour finalement s’arrêter et guetter tout mouvement.

Prédateur de toute chose, tu seras à moi...

Quelques minutes passèrent, tellement longues que Niphraës faillit quitter son abri et forcer la rencontre. Mais son attente fut finalement récompensée. Un homme... Une créature, encapuchonnée, sortit de l’ombre et s’approcha du Rhevio. Sa démarche, humaine, ne trompa cependant pas Niphraës. Et ses doutes se confirmèrent lorsqu’une main écailleuse apparut. Etrange être, elle n’avait jamais rien vu de tel... Et quoi ? Il semblait rendre hommage à son jouet...  

Réprimant à éclat de rire face à un comportement aussi absurde, Niphraës profita de quelques rochers alentours pour s’approcher davantage. Sa curiosité fut à son paroxysme lorsqu’il lui sembla apercevoir des crocs briller dans l’obscurité du capuchon. Serait ce enfin un adversaire de choix ? Ou peut être un être à l’âme aussi noir que la sienne ?

Prédateur, proie, chante-moi ton âme...

Quittant alors son abri, elle se glissa sans bruit dans le dos de la créature. Peut être l’avait il entendue mais peu lui importait. Se penchant alors doucement vers son oreille, elle lui murmura :

« Et si tu me montrais la couleur de ton sang ? »

Je m'approche ainsi en silence du lieu de l'exécution de la créature. Je me penche vers elle et avant de commencer le rite l'observe. J'avais entendu parler des rhévios comme des prédateurs, des monstres. Celui-ci me fait plus penser à un jouet aux mains de cette femme aux vues de ses blessures.

Il est temps de rendre hommage à cette vie. Je commence le rite indiqué par les anciens pour remercier les dieux de ce don. Ce n'est pas que je sois croyant mais c'est une marque de respect que j'ai envers cette créature pour me donner la force d'avancer. Ainsi je sors un poignard pour commencer à découper sa chair et en récupérer une partie pour mes repas à venir.

Alors que je suis en train de faire tout ça, je sens que cette femme n'est pas partie. Je sens encore son parfum, certes discret, mais bien présent. Je continue à découper le Rhévio tout en guettant son arrivée. Elle se rapproche, derrière les rochers, de plus en plus proche. Elle est maintenant dans mon dos. Alors que j'allais me retourner prêt à parer une quelconque attaque elle était déjà derrière moi, visage penché vers mon oreille pour y susurrer :

" Et si tu me montrais la couleur de ton sang ? "

Pris de panique je fais un bon en avant pour mettre de la distance entre elle et moi. Je vois que sa dague n'est pas encore sortie. Je n'ai pas encore besoin de sortir mon épée. Je range alors mon poignard et me tiens prêt à me défendre au cas où.

" Tu veux voir la couleur de mon sang ? Tu comptes combattre quelqu'un que tu ne connais pas ainsi ? Je ne suis pas un faible et un duel ne me fait pas peur, mais gare à toi, car en combat je n'ai aucune pitié. "

Après ma tirade j'attends de voir la réaction de cette femme.